Bien qu'aujourd'hui encore en cryostase,le webzinegrrrndzero est toujours là. Il reprend des forces et pourra bientôt battre la campagne comme un fier animal béat courant après ses nouvelles passions éphémères.
La sectionimagerierassemble principalement les vidéos de concert de concerts passés. Le plan est de développer un peu cette zone. Qui sait la webdoc-fiction-témoignage-interactif-big-data sur la vie quotidienne de Grrrnd Zero « Tout pour La Cause rien pour les Autres - saison 1 : Crust beer et lingerie fine » sortira peut-être un jour. Et pourquoi pas un live stream de nos sessions cuisine ou du chantier ?
On va essayer de rassembler des liens à la cool dans cette section là aussi. Des sites qu'on aime bien, des projets qu'on jalouse, des trucs à lire à notre place, des images rigolades, ce genre de choses là.
Lesarchives chaossont les archives de TOUT le site depuis les début de gz, par ordre de publication. Quelques trucs se sont peut-être perdus entre les différentes version du web, mais sinon on archive méthodiquement et tu peux tout explorer.
Dans la famille compositeur génial qui arrive à un âge avancé et galère encore pour payer la note d'électricité, je voudrais Robert Stevie Moore.
A 56 ans, ce multi-instrumentiste criminellement sous exposé est égal à mes yeux à Brian Wilson en terme de génie. D'ailleurs Ariel Pink, The Residents, XTC, Apple in Stereo, Guided By Voices, David Shrigley, Jad Fair et moi-même, on serait d'accord pour lui ériger une statue.
Alors qu'est-ce qui fait que ce monsieur n'a jamais officiellement été sacré grand-père du home-recording? Est-ce le côté journal intime de ses enregistrements ou sa diarrhée productrice (près de QUATRE CENT ALBUMS - dont beaucoup sont des doubles albums - enregistrés de 1968 à aujourd'hui)? Est-ce que ce catalogue impressionnant finit par intimider ou par épuiser?
Je sais de sources sûres que R. S. Moore n'aurait pas été contre un peu plus d'attention et de tendresse à son égard durant ces 30 années passées à enregistrer le soir après le boulot, réaliser des vidéos, administrer son site et envoyer ses cassettes à ses quelques fans. "Je dois m'occuper des pochettes, graver, copier, dupliquer, envoyer... j'ai besoin d'aide pour tout ça. Je suis fatigué de faire chaque petit pas seul."
Est-ce son sens de l'humour? Est-ce l'expérimentalisme fourre-tout, les changements abrupts, le côté pop-cut-up ludique? Pourtant ce n'est pas pour me déplaire, et certains groupes qu'on adore aujourd'hui ne s'en privent pas...
Ou bien est-ce tout simplement parce que R. Stevie Moore n'a jamais voulu se résoudre à réduire le champ de ses possibilités en terme de style? Car c'est vrai, Moore court-circuite à sa manière la notion de genre musical et on pense à tellement de choses en l'écoutant que c'en est parfois déroutant. Il décrit lui-même sa musique allant "de mélodique à variée à expérimentale à traditionnelle à illimitée". "Je joue tellement de styles différents que mes albums sont comme des émissions de radio. Cette semaine, je suis à fond dans la musique électronique Allemande, et c'est tout ce qui m'intéresse. La semaine prochaine ce sera le hillbilly. Et ensuite la power pop. J'ai toujours détesté le fait d'avoir à choisir une direction. Ma direction c'est que je nai pas de direction. Les gens sont si fermés en art... J'ai grandi en m'intéressant à tout, du crooning de Sinatra à 'Hello, Dolly'. Je suis l'amateur ultime."
Amateur considéré par certains comme l'un des pionniers de l'éthique DIY - DIY jusqu'à ce que ça fasse mal - Robert Stevie Moore reste littéralement inconnu du public et il s'en désespère. Sa musique est MIRACULEUSEMENT INSPIREE et il faudrait un bonus de vie supplémentaire pour tout découvrir. Il vit dans le New Jersey où il est à l'heure qu'il est le conservateur de son propre musée sur bande magnétique.
Secret Mommy, de son vrai nom Andy Dixon, réside à Vancouver.
En attendant la mort, il compose de la musique électronique basée sur la manipulation de sons organiques. Il gère aussi son propre label, ache. Dans ses deux premiers albums, il tronçonnait sauvagement des voix de popstars (Beyoncé, Shania Twain, Mary J Blidge...) et les juxtaposaient avec des samples de grenouilles, de respiration humaine, d'outils traînant dans un cabinet de dentiste... Pour Very rec, la plupart des sons provenaient de terrains de jeux (bruits de balancoire, d'un bras effleurant l'eau d'une piscine, de balle percutant une raquette de tennis...).
On pourrait craindre un résultat un peu austère, mais la recherche sonore n'est pas son seul centre d'intérêt. C'est aussi un fan de pop, il ne peut pas se retenir d'étaler des mélodies délicieuses et/ou idiotes dans ses morceaux hachés, sautillants, bourrés de coupures rythmiques. Côté références, on pourrait aligner Dat Politics, Mouse on Mars quand ils étaient très bons, à l'époque de Niun Niggung, ou un Aphex Twin heureux de vivre.
Jusqu'à maintenant, ses albums étaient décents, contenaient une poignée de tubes, mais on ne pouvait pas non plus hurler au chef d'oeuvre en lui embrassant le nombril. Beaucoup d'espoirs étaient cependant misés sur monsieur Dixon, car peu avant Very Rec, il avait commis le maxi Hawaii 5.0. Le genre de merveille délicate qui stimule des petites piqures de plaisir de la troisième cervicale à la vertèbre dorsale numéro onze. Fondés sur des samples de musique hawaïenne et de fruits tropicaux mâchés avec voracité, ces cinq titres auront une belle place au paradis de l'électro pop déviante.
La grande nouvelle, c'est que Plays, son quatrième album, est aussi bon qu'Hawaii.
Il a invité tous ses amis à venir jouer dans son studio (des membres de They shoot horses, The Winks, The Doers...). Il avait consciencieusement écrit des parties pour tout le monde, mais leur absence flagrante de discipline a débouché sur un tas massif d'improvisations. La seule règle à respecter : faire un album électronique sans aucun son synthétique (pas de boite à rythme, pas de synthétiseur, rien d'électrifié en fait). Guitares sèches, violon, cuivres, instruments à vent, ukulélé et percussions deviennent la matière première qu'il continue à couper/coller/malaxer avec énergie. Un tel traitement numérique d'instruments accoustiques ne peut que rappeler The Books. Secret Mommy chante même de temps en temps (notamment sur le scotchant Kool Aid River, porté par une ligne de chant émo “mettre du gel dans mes cheveux me donne des orgasmes” du plus bel effet). Ecoutez le, donnez lui votre argent, c'est une des plutôt rares personnes à faire de la musique électronique intéressante aujourd'hui.
Il s’appelle Chilly Gonzales mais les gens prononcent très très rarement son prénom (un peu comme Dieu finalement, avec qui il partage le fait d’être très très fort).
Il est Canadien et possède beaucoup d’humour (un humour parfois lourdingue, c’est vrai et c’est pour ça que Dieu est Un et pas deux). Son look un peu ringard et quelque chose de patibulaire dans son allure le disqualifient d’office à un casting de chippendale mais Gonzales n’en demeure pas moins un virtuose du piano, doublé d’un producteur de hip-hop minimaliste et aventureux.
Il a collaboré avec Feist et Jamie Lidell, Patric Catani, Peaches, Puppetmastaz, Katerine, et reste un spécialiste du second degré (parodies en tous genres, reprises absurdes et remixes gospel… le principe ? Prendre un titre généreusement produit / ne conserver que la piste vocale / rajouter piano, chœurs et claps enregistrés à l’arrache…
Sur la face b d’un Jamie Lidell, ça donne ça :
Et en live avec Lidell himself, Feist et Mocky, ça donne un joyeux bordel :
(afin de devancer vos FAQ à propos des gants blancs arborés par nos quatre protagonistes, sachez que je n’ai aucune explication valable à ce jour excepté que la tournée s’intitule “White Gloves” et que c’est sûrement très hygiénique).
JOYEUX et BORDEL : voilà deux mots qui collent bien à l’univers de Gonzales comme le prouve cette vidéo de très mauvaise qualité mais qui démontrent son pouvoir sur la pauvre Feist à qui il fait faire vraiment n’importe quoi, là :
Gonzales (with Feist) live at Trash
C’est vrai, à peu près TOUS les albums de Gonzales ont un côté, comment dirais-je, BORDERLINE… comme s’il prenait un malin plaisir (volontaire ou non) à frôler constamment le mauvais goût… Pourtant, ceux qui l’ont déjà vu sur scène témoigneront de sa capacité à transcender une matière première parfois “limite”.
Il est notamment un improvisateur terrible au piano (il a d’ailleurs enregistré en 2005 tout un album avec rien d’autre que du piano) et quand il interprète sur scène le morceau de tout à l’heure, Take me to Broadway, ça donne ça :
Bon, il va bientôt sortir un nouvel album (que les plus roublards possèdent déjà), “l’album du retour aux sources” dirait le chroniqueur haut de gamme… Selon mes sources à moi, à savoir les propres mots de son géniteur, cet album peut provoquer “le dégoût, la confusion, l’orgasme chez les auditeurs” et je dois dire qu’il tape exactement dans le mil. Après quelques écoutes frénétiques de cet album (je fais partie des roublards sus cités), je dirais que 30 % des titres peuvent procurer un bonheur extrême par leur côté rédempteur et motownien (tendance Jackson 5) voire disco 70’s tandis que 30 (autres) % (composés de ballades lo-fi cotonneuses à souhait) inspirent, quant à eux, la mélancolie (un peu à la manière d’une Gymnopédie d’Éric Satie). Je ne saurais quoi dire du tiers restant et vous inviterai donc à vous forger votre propre opinion.
Notons que Gonzales entame une tournée en Europe et qu’il se produira à la MJC moderne de Feyzin le 29 mars prochain en compagnie de Mocky et So Called (Joyeux et Bordel…).
Voici le premier morceau de Soft Power (c’est le titre du disque) que je vous conseille d’écouter le matin, au réveil, quand vous sentez la journée de merde… ça marche !
Déviant, bizarroïde, alternatif, abstrait… tout ce que vous voudrez mais qui dit Anticon dit quand même HIP-HOP. Et c’est précisément autour d’un credo commun, à savoir un certain renouveau du genre, que le vertueux label californien (d’Oakland plus précisément) a vu le jour et que ses membres fondateurs (Sole, Why?, Doseone, Odd Nosdam…) se sont associés.
Tout ça, c’était il y a quand même belle lurette (c’est drôle comme cette expression est pas encore tombée en totale désuétude) et, au vue des dernières signatures dignes d’intérêt (Thee More Shallows, Sj Esau…), les moins perspicaces constateront d’eux-mêmes : “mais c’est de pop qu’il s’agit !”. Affirmatif… et l’album de Son Lux à paraître début mars ne déroge pas à la “nouvelle règle”. Ryan Lott (aka Son Lux) est né à Denver en 1979. La légende raconte qu’il commit son premier live aux côtés de Sufjan Stevens et Emmylou Harris, grâce à un tremplin universitaire dont il fût le lauréat. Bon, c’est vrai là le terme “légende” est un peu galvaudé… un peu dans le genre : “la légende raconte que Tom Cruise a travaillé pour de vrai dans un bar ultra jet set pour s’entraîner avant le tournage du film Cocktail”. Bref. Revenons à Son Lux dont l’album intitulé At War with Walls and Mazes est, ma foi, charmant. Certains morceaux sont même très beaux comme cette piste 9 plaintive et pudique à la fois… si la post-pop existait, je crois que Son Lux ferait de la post-pop.
Son Lux - Stand.m4a
Hermaphrodite - Eric Copeland Load Blown - black Dice
Généralement, hermaphrodite est un adjectif un peu freaks qui désigne des êtres à la fois mâle et femelle, capables de s'autoféconder et de donner naissance à des invididus probablement trop bêtes pour marcher. C'est aussi le nom du premier disque d'Eric C. (34% de Black Dice).
Ce gars-là Copeland est un être qui va te faire aller là où personne n?a jamais respiré :
« Bien sympa ! » a-t-on crié à droite à gauche, sans vergogne. Selon certaines sources, le type aurait tout de même mis deux ans à élaborer le disque. Ce qui est étonnant et respectable.
Drones minimalistes + chants anciens blindés d'effets + pop psychédélique + bruits de conversations volées.
Et c?est même pas indigeste.
Même pas si snob que ça. Il est tout à fait envisageable de l?écouter en écrivant un post sur le r?n?b par exemple. Tout est passé dans le sampler, et toutes les bricoles amassées deviennent, miracle de la création artistique binaire, oeuvre "personnelle" :
Ce disque peut être accompagné d'un bon quart de litre de sirop pour la toux, voire d'une jolie partie de resident evil sur nintendo wii (le level dans le tunnel à la indiana jones où le psychopathe à la tronçonneuse est plus excité que jamais)... Bien sûr, si vous n?êtes pas un drogué ou si votre gorge se porte bien ou si vous en êtes resté à la megadrive, il reste possible de l?écouter simplement « en allant au boulot », ou dans le métro entre Cordeliers et Hotel de ville.
Une onomastie prophétique (oui madame) :
Rappelons que l'énergumène a le prénom de Clapton et le nom du batteur de Police : impitoyable généalogie. Bien que destiné génétiquement à ne se produire que dans des stadiums et à ne sortir que des best of, le facétieux brooklynois n'en fait qu'à sa tête et nous livre un album qu'on pourrait qualifier de BIEN.
Miracle du calendrier, les Black Dice sont venus faire trembler nos coeurs et siffler nos oreilles le 10 mars 2008 à Grnd Gerland. Black Dice c'est Eric Copeland, son frère (Bjorn) et un autre Homme, Aaron Warren. Ils jouent une musique qu'on pourrait qualifier de chamanique/tribale/un peu bizarre.
Une image :
Connus avant tout pour être les potes bruitistes d'Animal "brother sport" Collective (même label, mêmes tournées, visiblement mêmes drogues, top friends myspace, amitié sincère), ils peuvent être perçus comme la première barrière de la musique expérimentale à franchir avant de pouvoir s'effondrer dans ses méandres (Motherfucking, par exemple). Bref. Les premières barrières, c'est beau :
Les premières barrières, ça peut aussi être déroutant. Peut être est il nécessaire d'écouter ce morceau plusieurs fois, dans des conditions optimales (au casque, dans l'obscurité, une bougie vacillante pour seule lumière), avant de COMPRENDRE et de rejoindre la secte.
Dernièrement, ils ont sorti un disque (Load Blown) chez paw tracks. Probablement leur meilleur avec broken ear record, plus catchy/moins austère que leurs débuts, presque plus cool, genre soleil quoi. Du Black Dice en short, polo, casquette tropicale, en plein minigolf, coucher de soleil et menthe à l'eau.
Ce n'est même pas si complexe à l'écoute, on entend certes des blips et des sons trifouillés, mais aussi un truc pop, même « groove », le mot qui fait peur. Ce côté grosses basses booty/Mtv Pulse, mêlé à ces bidouillages intempestifs, fait de Black Dice une entité totalement inattaquable.
Voilà quelques autres morceaux, à écouter également au casque (le gros qui traîne chez ton père, celui qui te fait passer pour un électro boy et dont tu as un peu honte (du casque hein, pas du père). Parce qu'au fond de toi, y'a sûrement un fan de daft punk qui sommeille).
Il y a quelques jours, au salon de Grnd Gerland, monsieur Jean Philippe m'a enjoint avec enthousiasme d'écouter Offonoff. Monsieur Jean Philippe, je ne le connais pas vraiment. Je sais juste qu'il est sympathique, qu'il a une culture musicale considérable, et qu'il promène ses costumes noirs et ses regards mystérieux à la plupart des concerts de Grnd Zero.
Offonoff est un groupe d'improvisation bruitiste, regroupant Terrie Ex (guitariste de The Ex), Massimo Pupillo (bassiste de Zu), et Paal Nilssen-Love (batteur hollandais, collaborant avec des pointure de la musique snob comme Mats Gustafsson, Peter Brötzmann, Ken Vandermark...).
Leur premier album, Clash, doit sortir sous peu sur smalltown supersound. De l'impro brutale, virtuose, proche des divagations de Sonic Youth (pas leur versant pop, hein), de Locust, Last Exit ou James Blood Ulmer (c'est toujours très gratifiant d'écrire des références obscures). Il va vite falloir se charger de les faire venir à Lyon.
Revoici les Old Time Relijun (Portland, Oregon), qui depuis plus de dix ans nous délivrent avec une régularité déconcertante leurs productions musicales (toujours chez K records). La bande d’Arrington de Dionyso me scotche une nouvelle fois à mes enceintes avec ce Catharsis in Crisis. Bien qu’il s’agisse bien sûr toujours de la même recette, à savoir un blues punk halluciné et fiévreux à situer quelque part entre un bon Jon Spencer et Captain Beefheart, ce petit dernier fait figure de grand disque aux côtés de Witchcraft Rebellion (2001) : un chant dément/possédé/incantatoire, une instrumentation dépouillée et foisonnante à la fois, un saxo aventureux venant compléter le tableau.
Revenons un moment sur le chanteur polyglotte, Arrington de Dionyso, pierre angulaire de ce groupe à géométrie variable. En effet, malgré son patronyme burlesque, le garçon développe divers talents. D’une part, c’est un prolifique dessinateur qui s’attache entre autres à réaliser les pochettes du groupe (dans la veine du dessin ci-dessus). Et puis, d’autre part, même s’il déclare « I don't know how to play a musical instrument, except by wild instinct », Arrington ne se prive pas de temps à autre de faire des incartades multi instrumentistes vers des territoires plus improvisés et expérimentaux ( écouter par exemple Arrington de Dionyso & Garth Powell « Casser la vaissel » chez Galerie Pache, ici : http://galerie.pache.free.fr/pagearrington.html ).
Après un premier passage en novembre 2004, les Old Time Relijun repasseront par Grnd Zero lors de leur tournée européenne le 4 avril 2008. Be prepared!
Joanna Newsom joue de la harpe (avec beaucoup de dextérité et d'application). Simultanément, elle chante (avec une voix d'enfant, quelque part entre bjork, un chat et une petite trisomique). Elle est issue d'une famille ultra bourgeoise de san francisco, improvise des disques bruyants avec des membres d'hella et deerhoof, mais sa vraie passion, c'est la folk grâcieuse et délicate.
Pour moi, elle symbolise également l' Echec. Un Echec total, tenace, maladif.
En effet, je n'ai TOUJOURS PAS réussi à la convaincre de venir jouer à Grnd Zero, ce qui, au vu des efforts déployés, est un véritable scandale (383 mails, lettre écrite sur papier de lin donnée en mains propres par un agent spécial, pressions sur sa famille proche...).
Joanna Newsom a surtout enregistré un album à retourner le coeur du plus aigri des hommes, The milk eyed mender. Douze chansons parfaites, qu'on a dû écouter environ huit cent fois, dans les circonstances les plus diverses (remplis de drogues, en train de monter du matériel en tournée, blottis autour d'un radiateur asthmatique sensé contrer un hiver glacial...). Même les forces souvent fatales de la répétition massive n'ont pu affaiblir l' intensité de quelques morceaux.
Dans ces cas là, on peut allumer une cigarette, adopter un regard pénétrant et parler de « classique », ou de « disque important ». Quelque chose de plutôt rare, très accessible, qui ne ressemble à rien. Enfin si, un peu quand même à Melanie Safka et Malvina Reynolds, des chanteuses des années 60, mais il faut un degré élevé de mesquinerie pour faire ce genre de remarque.
Après tant d'émotions, on se demandait vers quoi elle allait se diriger :
-Ecrire éternellement le même morceau ? (méthode qui rapporte parfois des bons résultats, Will Oldham par exemple)
-Opérer une mutation profonde ?
-Comment faire aussi bien ?
-Est ce que ça allait être très mauvais ?
Et puis, il y a un peu plus d’un an, on a fini par écouter Ys (prononcer izzz), deuxième album du petit chat bjorkien mongoloïde. Cinq morceaux oscillant entre huit et dix sept minutes. Jim O'rourke au mixage, Steve Albini à l'enregistrement. Un orchestre complet derrière la harpe et la voix : des cordes, un marimba, une mandoline, des cuivres, un accordéon, et même un crâne de cheval utilisé comme percussion. Madame Newsom a donc tenté l'option « attention, ça va être différent ». De Pitchfork à Wire, tout le monde a hurlé au génie.
J’ai tout d’abord été de mauvaise foi : les arrangements symphoniques sont écoeurants, les chansons nulles, on croirait entendre la bande son du seigneur des anneaux, blablabla. Puis je me suis rendu à l’évidence : tout ça était très riche, très bien fait. Le problème était juste que ça ne m’émouvait pas du tout.
Je pensais naïvement être débarassé de Ys. Mais depuis avril dernier, j’ai dû subir la pression psychologique sournoise d’une amie déterminée à me convaincre que cet album est un chef d’œuvre.
Et ce soir, j’ai fini par voir la Lumière. Que la honte me recouvre d’avoir traité si négligemment ce disque. Certes, on perd un peu en efficacité immédiate, une dose plus importante d'attention est requise. Les compositions sont plus ambitieuses, s'éloignent de l'enchaînement pop couplet-refrain pour aller vers des opéras miniatures découpés en plusieurs mouvements. Mais c’est toujours aussi beau.
C’est bien connu, “toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite”…
Troublante, pourtant, que cette récente découverte qui soulève soudain quelques questionnements sur des cas possibles de “schizophrénie inversée”, ou sur les progrès fulgurants de la science en matière de clonage humain.
Tout ce qu’on sait d’Ugh (via son myspace) est qu’il vient de Rennes, qu’il a l’air brun… le reste de nos connaissances à son sujet relève du domaine de l’audible, et là… nos oreilles commencent à nous jouer des tours car, bien plus que de vagues similitudes, l’analogie avec notre superstar locale François Virot s’impose fatalement.
Ugh évolue dans une esthétique post-folk acoustique à travers laquelle on perçoit aisément l’influence traumatisante d’Animal Collective (il cite aussi Daniel Johnston… le père !!!).
Soyons clairs et corporate (et de gentille mauvaise fois aussi un peu), à Grrrnd Zero, tout le monde trouve François Virot jusqu’à deux fois plus fort (allé disons entre une et deux fois plus fort) que Ugh (qui s’en sort quand même pas mal, soit dit en passant…).
Après une courte enquête, il s’avère qu’aucun de nos deux challengers ne connaît ni n’avait eu vent de la musique de son homologue au moment de composer leurs morceaux respectifs… mais quand même c’est flagrant : tout, dans ses compositions jusqu’à son timbre de voix (conforme à s’y méprendre à l’idéal viresque) renvoie irrémédiablement au playboy dijonnais. Il tape sur la caisse de sa guitare, crée des rythmiques en clappant dans ses mains, double presque systématiquement sa voix sur des enregistrements crusty à souhaits… poussons encore le vice : ses dessins (visibles sur son myspace, toujours… oui il dessine aussi) rappellent étrangement quelques productions locales attribuables (avec un peu de négligence) à des proches de François Virot.
Bon, la plupart d’entre vous ont certainement déjà cliqué sur le lien… libre aux autres d’aller éprouver ou non la Ugh-sensation de manière empirique… Fermez les yeux.
myspace de François Virot (pour comparer, vous aussi…)
allez, un petit blind test pour la route ! comme ça vous pouvez vous amuser entre amis à résoudre l'énigme… un jour, on fera gagner des t-shirts…
En reconsidérant le concept de superhéros sous toutes ses acceptions (y compris les plus simplistes et dominantes chez “l’homme de la rue” et le chroniqueur basique à Grrrnd Zero), on est bien forcé de reconnaître que Doseone “matérialise” (ok le terme est pas le plus approprié mais bon, “allégoriser” c’est pas très français, je crois…), incarne plutôt, mieux que quiconque, la “chose héroïque en soi”… Nulle envie de me perdre en une médiocre dissertation et une discipline que je ne maîtrise aucunement, mais notons toutefois que la thématique du “héros” est quand même bien une réelle préoccupation chez ce garçon, centrale au fil de ses textes…
Charisme magnétique, élocution bien au delà de ce que je considère comme humain, lyrisme insondable, inspiration cosmique : en tous cas, le garçon s’y prend à merveille au jeu de personnifier ses propres fantasmes. Subtle, cLOUDDEAD, Themselves, Anticon, 13 & God, Greenthink, Deep Puddle Dynamics… autant de références qui, à ce titre, doivent beaucoup à sa présence et l’on compte sur très peu de doigts d’une seule main de figures inattaquables à ce point artistiquement… Preuve de plus en est son dernier album solo Skeleton Repelant, propulsant le hip-hop à des sommets de sophistication insoupçonnés.