Bien qu'aujourd'hui encore en cryostase, le webzine grrrndzero est toujours là. Il reprend des forces et pourra bientôt battre la campagne comme un fier animal béat courant après ses nouvelles passions éphémères.

La section imagerie rassemble principalement les vidéos de concert de concerts passés. Le plan est de développer un peu cette zone. Qui sait la webdoc-fiction-témoignage-interactif-big-data sur la vie quotidienne de Grrrnd Zero « Tout pour La Cause rien pour les Autres - saison 1 : Crust beer et lingerie fine » sortira peut-être un jour. Et pourquoi pas un live stream de nos sessions cuisine ou du chantier ?

On va essayer de rassembler des liens à la cool dans cette section là aussi. Des sites qu'on aime bien, des projets qu'on jalouse, des trucs à lire à notre place, des images rigolades, ce genre de choses là.  

Les archives chaos sont les archives de TOUT le site depuis les début de gz, par ordre de publication.
Quelques trucs se sont peut-être perdus entre les différentes version du web, mais sinon on archive méthodiquement et tu peux tout explorer.

 

 

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résolution mathématique de la solitude

Daniel Benmergui est ce qu’on appelle un développeur de jeux-vidéo indépendant, autrement dit un type qui aime bien, une fois rentré du boulot, écrire des lignes de codes sur son pc au lieu de manger des fruits et des légumes. Forcément il en oublie de se coiffer mais on le comprend, quand on sait programmer des jeux comme les siens, on a plus besoin de miser sur ses cheveux. Rien avoir avec la musique donc, ni avec les légendaires modalités de délivrance d’aide publique programmatique, et pourtant c’est SUPER bien.

 

 

storyteller

i_wish_i_were_the_moon
StoryTeller
I wish i were the moon

 

 

En fait on peut difficilement parler de jeux-vidéo : pas de commandes, pas de niveau, il n’y a pas à proprement parler de déplacements ni d’action, en fait il se passe rien, juste un tableau fixe fait de gros pixels tristounets. Le seul but est de trouver toutes les fins, et pour cela il faut modifier la scène en trouvant comment agir sur les éléments. Et si l’amour réciproque semble être le seul moyen de trouver le bonheur, c’est pas facile.


(d’autres jeux sur le blog de Daniel Benmergui)

 

avec ma casquette sur le sable

Un jeune groupe DIY issu d'une banlieue défavorisée. Le guitariste joue la bouche ouverte, ce qui lui donne un air débile, mais même les plus mesquins devront concéder que le morceau est assez tubesque. De plus, cette version acoustique dévoile une sensibilité de chaton timide qu'on imaginait pas de la part de ces punks intransigeants  :

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Ils passent le 14 octobre dans un nouveau squat de villeurbanne.

Le groupe s'appelle amadeus fénix, ou quelque chose comme ça.

bête et méchant

fleetweek

 

Mayyors est un groupe de garage-punk de Sacramento sans myspace ni skyblog ni rien. Les morceaux issus de leur premier EP font penser à un concert des Cramps où Lux Interior aurait bu dix-sept red bull et où les quelques bikers alentour se rouleraient dans la boue en se tapant sur le ventre. C'est quand même mieux que Cocoon.

Mayyors - clicks

Mayyors - the crawl

 

le son délicat du melon qui explose

dearmotherfucker

Peut-être que c’est lié au fait que je suis en caleçon et que la fenêtre est ouverte, mais j’écoute Growls Garden de Clark et je me fais un petit stock de frissons.

Son nouvel album « Totems Flare » est une  espèce de commotion sonore incompréhensible, un tourbillon d’aspérités et de bruits hybrides qui semblent se noyer délibérément dans une surabondance de directions… Comme une provocation organisée pour retarder le plus possible l’explosion épidermico-orgasmique finale, la convulsion conclusion, le méga-frisson.

Plutôt electronica sur « Boddy Riddle », carrément brutal et techno plus tard sur « Turning Dragon », Clark semble avoir trouvé un équilibre sur « Totems Flare », un équilibre dans l’alternance et la saturation. Du coup c’est assez inégal mais à grande vitesse, il alterne sans pause les gros moments cradingues-mon-beat-gicle-partout, avec des lignes plus rugueuses et plus contemplatives. Alors pour certains ça ressemble à du Boards of Canada surmégavitaminé et pour d’autres à un Aphex Twin période « Come to daddy », mais sortant de la douche (pour le côté moins méchant, je-sens-bon-il-m’arrive-d’aller-sur-le-dancefloor). En fait si on veut c’est un peu le mélange bordélique des deux, et c’est presque cohérent : quand on écoute Totem Crackerjack, qu’on supporte stoïque au milieu du morceau les secondes pénibles de drum&bass, et qu’on tombe sans prévenir sur cette montée de synthé, on comprend. Clark cultive la rupture et fait émerger de jolies choses, certes violentes et bancales, mais jamais complaisantes. Il faut donc souvent persévérer, écouter jusqu’au bout, puis à nouveau, surmonter la noirceur et la densité des productions, passer sur les renversements au premier abord inopportuns pour apprécier, enfin, cette tension si épique qu’elle pourrait presque donner envie de finir son mémoire de fin d’études en une soirée.

Growls Garden

Totem Crackerjack

Talis

Sinon, en même temps c’est pas dit qu’on ne s’en lasse pas vite, maintenant il fait chaud et je suis en pantalon, et ça marche un peu moins bien.

j'ai pas internet, alors j'envoie l'article par sms

(sur demande explicite de l'auteur, on doit se retenir de laisser le post en langage sms/skyblog)

En 2006 sortit le premier et dernier album de White Flight, projet d'une espèce de grand barbu mal coiffé du kansas, Justin Roelofs. Après avoir officié dans un groupe d'indie rock vraiment pas indispensable, il se trouva seul comme un panda et partit manger des champignons et communier avec l'esprit des rochers au pérou . Ces expériences déviantes lui inspirèrent cette pop folk psyché coassante et agitée, des morceaux dignes d'un Beck répétant sur la moquette de son salon avec les Unicorns, Architecture in helsinki et Outkast. Maintenant qu'on a perdu la trace de ses tongs, on l'imagine berger des bois au sud de la Nouvelle Zélande.

 

white flight - condition

white flight - solarsphere

 

bienpeinardd

Homelife //// Un canon philharmonique improvisé sur du fil à beurre

Il y a des groupes qui ressemblent à des vêtements amidonnés, figés dans une certaine époque indéfinissable, qui n’est ni la leur ni celle des autres. Ils sont vieillis sans avoir cherché à être à la mode, et quoi qu’on fasse, ils ne bougent pas, ils restent à la fois éternellement frais et usés, comme si dès le départ leurs motifs ou leurs formes ne pouvaient prendre de plis.

Homelife fait partie pour moi de ces groupes, si accidentellement marquants qu’ils en sont charmants, tellement incongrus à leur façon qu’on pourrait prendre ça pour de la fadeur, si près malgré eux de l’oubli et de l’anodin qu'on aurait envie de les porter aux nues. Victime de paradoxes en quelque sorte, qui font leur insouciance et leur beauté.

Un peu comme ce « Flying Wonders » qui semble rebondir dans l’écho d’une bonne idée sans en sortir, comme coincé dans une bulle de savon hermétique.

Pourtant le projet Homelife ne manque de rien. Originaire d’un peu partout mais quand même pas mal de Manchester, ce collectif pop-bizarre-fanfare polymorphe synthétise l’ensemble des éléments indispensables au succès : beaucoup de musiciens-copains, des costumes, une approche cacophonique mais mélodique, une chanteuse asiatique en robe, des lieux de répétions conceptuels, de la nonchalance, de la barbe et un lancé de clochette souple et ample (peu de traces visuelles du groupe, je n’ai pas pu trouver d’autres illustrations que cette bande-annonce datant de Chalon 2003).

Derrière la grosse quinzaine de collaborateurs évoluant derrière Homelife, une tête semble quand même y faire figure d’aimant, ou de liant, le multi-instrumentiste Paddy Steer* qui instigua la formation du collectif en 1997. Après deux albums autoproduits sur l’héritage de sa grand-mère (moment émotion storytelling), ils signent sur Ninjatune et produisent deux albums étonnants, « Flying Wonders » et « Guru Man Hubcap Lady ».

Limités par la distance et le nombre de musiciens, les membres n’enregistrent jamais tous ensemble, c’est principalement Paddy Steer qui compose les morceaux par collages. C’est peut-être ce qui donne finalement au collectif cette sorte de cohérence indolente, faite de bricolages et superpositions groovy qui semblent s’étirer à l’infini, sans pour autant s’inscrire dans le présent, comme bloqués dans une désuétude cotonneuse et attendrissante. Un peu comme la BO d’un film en stop-motion où un vieux banjo en pâte à modeler essaierait de danser le mambo, coincé entre ses aspirations à des rythmes chaloupés et la tension de ses cordes.

Ça ne veut rien dire mais c’est un peu l’idée. Dès lors il ne reste qu’une mélancolie légère et onirique, qui donne envie d’un petit déjeuner au lit.

 

Ce qui donne des choses très jolies comme des ballades à la poursuite de l’être aimé :

« Harder »

Mais aussi des contemplations perplexes au fond de son thé :

« Big Tree »

Avec des attentes de tramway un soir orageux :

« Try Again »

Mais la plupart du temps leur folie surnage dans un fond de sauce aigre-douce :

« April Sunshine »

Et généralement ça bouge des fesses avec dignité :

« Seedpod »

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(* Après avoir fait pleins de trucs avec plein de gens, Paddy Steer (à gauche sur la photo) s'est lancé récemment dans l'exercice périlleux du projet solo et c’est plutôt rigolo, avec des loupiottes et des masques.)

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dent de mai tropicalisée

Nouvelle recrue de Paw Tracks, jusqu'ici label SPA missionnaire, Dent May est un curieux mélange entre Woody Allen (pour le côté " ouais, j'ai le physique de celui qu'on choisit en dernier dans son équipe de handball au collège, mais j'emballe trop les filles) et un crooner à dents Ultra-Brite genre Sinatra (paaalalaaapapah les escaliers qui s'allument). Beau mélange.


DentMay500

 

Armé de son ukulélé, de son orchestre et de quelques choeurs que même pas t'aurais osé imaginer voyager dans le temps comme ça (et aussi de Rusty Santos à la prod quand même), il entonne des mélodies imparables de fervent amoureux, tour à tour volage, cœur d'artichaut et/ou alcoolo.  Bref, j'aurais pas cru mais J'ADORE CE TRUC.

Dent May - 26 miles (santa catalina)

Dent May - Girls on the square

Dent May - I'm an alcoholic

 

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interview du label ruralfaune

ruralfaune_logo

Petit focus puis une interview du créateur de RURALFAUNE, un label français basé à Angers qui a vu le jour en 2006 et qui jusqu'à présent reste malheureusement peu connu dans nos contrées, malgré un rayonnement mondial et plus particulièrement outre atlantique. C'est Bruno Parisse qui se cache derrière ce productif réseau. Il explore et défriche toute une scène évoluant autour d'un magma d'étiquettes tel que la nouvelle folk expérimentale, le drone obscur ou bien encore la weird noise...

Ruralfaune, c'est tout d'abord des tirages cdr en édition super limitée, de somptueux packagings faits maison, des tarifs planchers à 5€ l'album et un compromis équitable avec les groupes pour la distribution. Parmi les 60 sorties cd-r et pour se faire une idée de ce que promeut ce label, il existe des compilations tel que Frannce, un boxset 3cd bleu blanc rouge co-produit avec La belle dame sans merci, où l'on retrouve des groupes que l'on apprécie particulièrement à Grrrnd zero tels que Volcano the Bear, Heavy Winged, Family Battle Snake, Black forest Black Sea, The North Sea, Fursaxa, Ajilvsga, Fabio orsi... Ou bien encore la compile the Rur L.A. faune avec Pocahaunted, VxPxC, Changeling et Insamiacs centrée sur ces formations de Los Angeles.

Bruno a volontiers accepté de répondre à quelques unes de mes questions qui lèveront peut être le voile sur toutes ses activités fort recommandables :

 

 

Salut Bruno, peux-tu nous parler de ce qui t'a amené à monter le label Ruralfaune et de ce qui te motive dans toute cette scène que tu tentes de promouvoir ?

Bonjour et merci de montrer votre intérêt au label. Ruralfaune est né en février 2006. C'était pour la sortie d’un cdr limité à 32 exemplaires ! Cette époque me parait désormais bien lointaine… (Lire la suite).

Lire la suite : interview du label ruralfaune

Snowman

Ils sortent de nulle part ou presque, ont un line-up des plus improbables composé d'un indonésien sans papiers, d'un australien, d'un islandais et d'un italien, ont sorti un premier album dont personne n'a jamais entendu parler et qu'une personne de confiance m'a décrit comme étant une sombre merde, et je veux bien le croire.

Mais le deuxième, "The horse, the rat and the swan" a débarqué comme les 4 animaux de Brême, sauf qu'eux sont centralisés à Perth et depuis peu relocalisés à Londres, et qu'ils n'ont pas quitté leur chaumière pour fuire des maîtres en voulant à leur peau mais bel et bien pour répandre de par le monde leur vision d'un post-punk tendu et déroutant. Il est difficile de les mettre dans une case tant les ambiances varient au gré du disque, on passe des Swans à Brithday party pour retourner en trombe sur Liars sans autre forme de procès.

Le disque reste malgré tout emprunt de ce parfum de fin de soirée qui sombre dans le glauque, de jam inattendu qui dégénère. Leur myspace très bien fourni vous donnera une très bonne idée de tout ce que ce mélange peut donner. Dans six mois, ils seront sur un gros label, passeront pour trois fois plus cher dans une grosse salle, et en plus leur prochain album ne peut être que moins bien. Encore une raison de plus de ne pas les rater en concert, par exemple ce Jeudi 18 mai au Sonic.

snowman - Our Mother (She Remembers).mp3

snowman - The Horse (Parts 1&2).mp3

snowman - Daniel was a Time Bomb.mp3

 

recette dread

 

 

TWO CS IN A K, ONE HUNDRED BRAINS IN TWO BODIES

"Jesus Is A Brave Little Toaster Volume 1: Take Nothing But Footprints, Leave Nothing But Photographs" de Twocsinak et DJ Sarah Wilson est sorti sur le label Anglais Wrong Music.

Sur ce disque figurent 18 titres qui SURPRENNENT par une incessante recherche de l'inédit et de l'expérimental (tout ce qui fera potentiellement tressaillir nos petites oreilles blasées). Initialement, il s'agit d'un album de "reprises" et de "remixes", courant vers la dégénérescence, la parodie, le gag. On passe de la salle de bain (Janek Schaefer’s shaver) à la salle de concert (Approximate ribonucleic matching yields operatives for military endeavour). Le nom du groupe Anglais I know I have no collar devient ici la complainte débile d'un robot dépressif qui ne peut rien changer à sa condition (I know I have no input). Personnellement WOUAHAHA beaucoup.

Charles+Di
(Bonjour, j'habite à Brighton et j'aime me travestir à l'occasion)


Avec son comparse Sj Esau, ils entonnent aussi des hymnes stupides et déviants sur leur matos de musique cassé (It must be to keep my so), ou bien sur l'ancien métier supposé de Twocsinak (réparateur de machines à écrire). Ça finit en choeurs déstructurés, c'est beau et drôle à la fois, et c’est une reprise de la chanson "Harmful Headfull" du même Sj Esau.

Twocsinak met parfois notre capacité d'attention à rude épreuve par son sens de la pirouette, des enchaînements impromptus et des virevoltages successifs. De cet album se dégage un sens de la composition à base de bordel impressionnant. Plaisir évident et communicatif. Les enchaînements sont abrupts, surprenants, et souvent très drôles (stero yo yo yo yo).
L'humour penche le plus souvent vers une sorte de régression érudite, parfois pince-sans-rire. C'est con et distingué à la fois.

Cela prendrait trop de temps pour tout expliquer, mais il faut savoir que derrière chaque morceau se cache un concept souvent incroyable : telle reprise est une transcription phonétique des paroles de la chanson originale, telle autre est inspirée de Philip Glass et finit en rasage de barbe, une autre chanson parle de sa durée… Et chacune de ces petites idées mises bout à bout pourrait aboutir à un résultat pompeux…mais non.


D’où :
Quelques explications PAR SON AUTEUR autour de ce qui peut parfois paraître déroutant à la 1ère écoute. Une sélection arbitraire et forcément incomplète au regard de cet album de génie, mais quand même bien foutue, et réalisée exprès pour grnd zero :

Le MÉGAMIX DE TWOCSINAK et DJ SARAH WILSON POUR GRRRND ZERO.MP3

Oui, c'est super bien. J'arrive pas à m'empêcher de rajouter des commentaires :


Nicholas
Voici un tube pour avoir des frissons, à écouter à l'aube, sur un sentier de forêt pris par le givre. Sinon, dans le bus, ça marche aussi.

Approximate Ribonucleic Matching Yields Operatives For Military Endeavour

Ici, Twocsinak s'adresse à un orchestre qui lui répond de manière incohérente, puis s'attaque à une reprise jazzy foireuse de Björk sous les huées du public. Les Monty Python ne sont pas loin.

Bleak war? Break law

Reprise de Bear walk de Freeze Pupy ; un sommet de débilité geek sur les bonheurs du fast-forward. Allez maintenant tu chantes aussi vite que tu peux. Allez.
I’m sorry.
I cannot sing as fast as I would like
Therefore I must rely upon an artificial means,
So when my voice has passed into the mic
It can accelerate without losing any phonemes.
But because I’m a self-referential tit
I can’t resist the urge to draw attention to my guile:
I used Quicktime. If you fast-forward it
It will double the speed of the original wavefile.


Personnellement, je mets Twocsinak dans mon top ten personnel des grands génies méconnus qu’on a envie de faire connaître à tout le monde. Oui oui.

Pour devenir son copain : http://myspace.com/twocsandsarah

Pour pleurer sur sa vie devant des cassettes qui tournent:

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