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une interview avec Bartira : Mondes Invisibles, Technologie, Musique et Intelligence Noire - Grrrnd Zero, Salle de concerts et hebergement d activites collectives sur Lyon

 FR : Bartira est une artiste multi-disciplinaire qui semble être capable de tout faire. De la vidéo, de la poésie, de la danse, de la performance, construire des dispositifs technologiques et des instruments électroniques DIY, de l'art sur les réseaux sociaux, des chants et de la musique excellement déroutante. En février 2022, j'ai pris contact avec Bartira, après avoir retraversé une énième phase d'en revenir à son album de 2017 ... roaming (https://abenxoada.bandcamp.com/album/roaming) sorti sous le nom d'Abençoada que j'avais découvert par le biais d'une triple compilation incroyable sur Hylé Tapes et qui m'avait profondément marqué. Pendant un moment je me demandais qui était cette personne et s'il elle avait disparu depuis ou refait d'autres albums. Un peu de recherche m'a permis de me rendre compte qu'elle était toujours active à travers plusieurs formes. Et je l'ai donc contacté pour en apprendre plus et lui poser pleins de questions. Cela a donné lieu à un premier échange. Entre temps je me suis fait rattrapé par un mélange de procrastination, d'auto-exploitation, de problèmes de logement et peut-être un peu de panique face aux questions soulevées qui ne laissait pas assez de temps pour se concentrer à la hauteur de ce que j'aurais aimé sur une interview telle que celle ci. Cela fait plus d'un an, nous finissons donc l'interview maintenant. Entre temps Bartira a continué à pratiquer différentes de ses explorations. _cargocollective.com/bartira_

_ig @b4rtir4_

_tiktok @b4rtir4_

_mastodon @bartira_

_Diaspora @_bensza_rrriddin

Ecouter : https://soundcloud.com/aben-oada666

Télécharger : https://b4rtir4.bandcamp.com/

On parle de sa pratique aujourd'hui, de traumatisme et comment en sortir via la création. Voici le fruit de cet échange

ENG : Bartira is a multidisciplinary artist who seems to be able to do everything from video, to poetry, dance, performance, build technological device and DIY electronic instruments, social network art, chants and excellently disconcerting music. In February, I entered in contact with Bartira after going through yet again a phase of obsessional listenning to her 2017 album ... roaming (https://abenxoada.bandcamp.com/album/roaming) under the name of Abençoada that I had encountered through an incredible three volume compilation out on Hylé Tapes and had deeply struck me. A little research allowed me to realize that she was still active through different forms. And I contacted her to learn more and ask her many questions. This gave way to a first exchange. Meanwhile, I found myself caught up by a mix of procrastination, self-exploitation on various other projects, housing problems and maybe a little panic in regard to the depths of the questions raised that didn't seem to let me take the time to answer as properly as I would have liked to such an interview. It's been more than a year, we at last now finish this interview. All this time Bartira has continued to practice her many explorations. Here are a few links where you can keep up with her output

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Ecouter : https://soundcloud.com/aben-oada666

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We talk about her practice today, trauma and how to overcome it through creation. Here is the fruit of this exchange. #music #theenvironmentsittakesplacein #aurality #radicality #artandtopicality #fromwheredowetalkandtowhom #soundandideal #thesacred #spaces #musicalandsonicenvironnements #community #experimentation #musicandrevolution #performinglive #meansofproduction #meansoflivingandproducingart #forwhatsituations #technology #musicaltechnology #academia #DIY #DIYDoItTogetherorganizing #instrumentsandinstrumentality #creatingsoloandgroupefforts #memoryandtime #lifeofmusic #politicalstruggles

14 Mars 2022

1. Qui es-tu ? Quels espaces vis-tu et as-tu connu ? Comment en es-tu arrivé à faire l'art que tu fais et vers où ton attention est tournée aujourd'hui ?

FR B: Mon nom est Bartira, je suis une artiste multimédia, musicienne et théoriste freestyle. Cela fait quelques temps que j'aime décrire ma pratique comme ça car ma vision du monde est tellement englobante que j'essaye de ne lui donner aucune limite. Je suis née là où le colonialisme a nommé Brésil et j'ai bougé au Royaume-Uni en 2006. Après quelques allers-retour au Brésil, je me base maintenant en Italie. En tandem avec la bulle européenne et ma culture d'origine sans oublier que l'Europe est une puissance coloniale. Cela peut être difficile à des moments de trouver des façons d'exprimer mes points de vues et connaissances car elles peuvent découler de la philosophie ou des mèmes. De l'Histoire et de l'historicité à des souvenirs d'enfance, de la théorie comme de la pratique. Une chose qui est toujours présente dans ma pratique c'est la technologie, haute ou basse, dernier cri ou ancienne et qui existe pour étendre les idées plus que pour les aliéner. Il y a un changement terriblement dangereux dans l'usage de la technologie qui au lieu d'être utilisé pour réaliser et améliorer nos vies dans leur ensemble, amène la technologie à nous abrutir. Je fais attention à m'efforcer de voir la technologie comme un mouvement de capoeira. C'est à dire que ça ressemble à une danse mais ça va essayer de mettre à terre. C'est subrepticieux et holiste. Cela ne m'intéresse pas de faire que mon oeuvre soit à propos de ma personalité, ce qui m'intéresse c'est que ça parle de tout le monde et de tout, et quand je le fais je vais juste essayer d'envoyer avec débrouillardise des petits bouts de technologie, de hardware, de software ou de code sur des petites missions pour mettre en oeuvre quelques idées. J'ai beaucoup de projets dans les cartons mais comme je ne peux créer que certaines de mes oeuvres en utilisant des ressources institutionnelles et parce qu'il est difficile de mettre un pied dans ces espaces pour tout un tas de raisons qui se réduise au privilège blanc et au fait de souscrire à un "programme artistique" de représentations et d'attentes de ce qu'une personne identifée comme femme noire devrait faire, ma pratique est contrariée et je me retrouve à de nouveaux chercher des canaux indépendants, marginaux et diy pour exprimer mon travail et ce qu'il se passe dans ma tête. J'aime collaborer et joindre des visions avec d'autres artistes et avec la pandémie j'ai été invitée à faire quelques podcasts et mixes qui m'ont permis de revisiter de la matière et en produire de la nouvelle ce qui était très excitant. Je ne suis pas quelqu'un de très prolifique mais je me suis mis à me mettre à travailler et apprendre le chant, à faire des vidéos d'évènements de tous les jours dont je ne sais pas encore comment je vais les utiliser, écrire de la poésie avec du code à procédure de Natural Language mais là je laisse tout ça infuser et je n'ai encore rien sorti. Ce sera prêt quand ce sera prêt.

1. Who are you ? what spaces do you live and have known ? how did you came to be making the art you are making and where is your attention turned to as of today ?

ENG B: My name is Bartira, I'm a multimedia artist, musician, thinker and freestyle theorist. I've been enjoying saying this about my practice because my vision of the world is so encompassing that I kinda try not to give any limits to it. I was born where colonialism named Brazil and moved to the UK in 2006. After some travelling back and forth to Brazil,I'm now based in Italy. In tandem with the European bubble and my home culture without forgetting that Europe is a colonialist power. It can be challenging at times to find ways to express the different takes and insights I have since they can stem from philosophy to memes, History and historicity to childhood memories, from theory to practice. One thing that's always present in my practice is technology, high or low, state of the art or ancient and which exists to expand ideas more than alienating them. There's a terribly dangerous shift on technology use which instead of it being used to implement and improve our lives as a whole, technology is being used to dumb us down. I'm careful to strive and see technology as a capoeira move. In a way that it looks like a dance but it'll try to bring you down. It's subreptitious and holistic. I'm not interested in making my work about my persona but about everyone and everything else and while doing it I'll just try and be resourceful sending bits of technology, hardware, software or code on little missions to implement some ideas. I have many projects on paper but since I'm only able to create some more ambitious work using institutional resources and because it's so difficult to enter these spaces for a series of reasons, but which boils down to white privilege and subscribing to an "art agenda" of representation and expectations of what a black woman-identified person should do, my practice ends up thwarted and I see myself again looking for independent, marginal, diy channels to put out work and express what goes in my head. I like to collaborate and join visions with other artists and with the pandemic I was invited to do some podcasts and mixes which allowed me to revisit material and produce some new which was really exciting. So,I'm not a very prolific person but I've been working on learning how to sing and making videos of everyday events which I still don't know what I'll use for, writing poetry with the use of Natural Language processing coding but for now I'm letting it all brew and haven't put anything out yet. It'll be ready when it's ready.

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24 Mars 2022

2. Temps, structures des chansons (uk border diocese boucle, chanter, organique et mécanique), les balades sur Sketch Up, la danse, la technologie et les attentes de politique dans l'art, comment travailler sur le colonialisme de puis une perspective diy, la forme des mixes et des podcasts aujourd'hui, l'espace diy au brésil ? à londres ? en italie

FR

B: Alors c'est une question très large et abstraite mais j'imagine que ça ouvre une opportunité de parler de mon travail et ma pratique, de montrer les pièces du puzzle de mes références. Quand j'ai fait UK Border Diocese j'avais très mal. Je venais de perdre mon statut légal au Royaume-Uni et après avoir passé des années à vivre et à me conformer à leur conditions, je me suis retrouvé à devoir partir à cause de complications dans ma demande de statut résident. J'ai senti qu'on me manquait de respect, les britanniques aiment dire qu'iels accueillent les personnes qui peuvent contribuer à leur société, et tout le temps que j'y ai été je m'y suis efforcé en même temps que d'essayer de me développer de façon à pouvoir donner encore plus. Enfin je digresse ... et donc la production de l'album a été meut par de la souffrance, de la colère et tous les autres sentiments qui arrivent avec le rejet. Il m'a paru urgent d'en faire quelque chose pour que je puisse le sortir de moi, pour que je puisse passer à autre chose. Alors je n'étais pas très intéressé par le fait de développer des connaissances ou des compétences de production, plutôt je voulais juste finir et explorer ce que je savais déjà pour créer de la musique. Alors j'ai expérimenté avec la voix mais aussi des enregistrements de terrain ou des extraits audiotrouvés dans des vidéos sur internet. C'était plus une question de passer un message, que de faire une production toute propre ou je sais pas quoi. C'est le plus cathartique que je peux être. C'est plus une question d'être débrouillarde et d'utiliser ce que je sais de manière rapide plutôt que de faire du bruit et m'exprimer de manière excessive...je ne sais pas...je pense que je suis quelqu'un de très contenu et réservée et même moi je sais que quand il faut que je purge quelque chose de moi, il faut que ça soit fait d'une manière controlée, froide et sans résistance, et parfois même avec humour...tu sais un peu comme de se balancer sur le fil d'une lame de sentiments et d'ambitions... Avoir à quitter le Royaume-Uni dans ces cirsconstances m'a rendu plus consciente de ma condition d'immigrante, de l'impact de la colonisation sur qui je suis et des pays qui se sont engagés dans des entreprises coloniales. Cela m'a en quelque sorte rappelé que ces pays étaient toujours en train de coloniser et que s'intégrer n'était pas une option parce que dans le processus cela me tuerait. C'est comme ça que s'efforcer de faire ces liens entre technologie et savoir ancestral est devenu un objectif plus fort. Et donc, être capable d'envisionner les façons dont la technologie est devenue ce qu'elle est et d'une façon qui soit différente des notions occidentales a commencé à devenir beaucoup plus central dans ma recherche. Et ces liens vivent dans ce que j'appelle le monde invisible et celles-ceux qui peuvent le sentir ont ce que j'appelle des renseignements noirs. Des choses comme la spiritualité Afro-Brésilienne, les Orishas, le pouvoir des nombres...la magie si on peut dire sont des parties importantes de mon oeuvre, bien que cela ne m'intéresse pas d'en faire ce qu'est mon travail, mais tu peux être sûr que c'est là. Alors j'ai pris un Master of Arts en nouvelles pratiques des médias, technologie etc. en 2015 et au fur et à mesure que le temps à passer j'ai pu mieux voir où le champ des cultures digitales allait. C'est devenu de plus en plus du divertissement et comment rendre concret ce monde rêvé néolibéral de classe moyenne, de faire des personalités ou des individualités...et c'est pas pour dire que je n'en fait pas partie. J'en suis. Nous en sommes toutes et tous. D'ancien.ne.s collègues ont pris leurs distances avec le monde des cultures digitales mais pour moi, comme Fred Moten dit, il s'agit de refuser ce qui ne t'as déjà pas été donné. Au fond, je savais que moi et mes idées n'étaient pas bienvenues dans ce monde, mais j'ai toujours trouvé le moyen d'exister principalement parce que je pouvais voir la magie qui se jouait dans la technologie et tout ce qu'il fallait que je fasse c'était de le voir, d'en prendre conscience et de continuer à faire. Mon projet final de MA c'était une série de petits appareils électroniques qui se foutait de la gueule de la conception industrielle. C'était fait de sorte à ce que ça présente la technologie une chose défectueuse qui rendrait les choses pires et plus difficiles ou énervantes mais qu'en tant qu'humain nous tolérions bizarrement...comme si nous avions forgé et scellé une relation symbiotique. Parce que si tu y penses, c'est...l'industrie a juste essayé de distraire et d'aliéner les gens et les faire être des consommateurs.ices qui n'arrivent à faire sens de rien, mais avec ma compréhension de ce qui se passe dans le monde invisible, je peux utiliser la technologie comme des outils pour transformer mon expérience, mes communautés et ce que je pense de tout ces conneries sans servir aucun programme imposé. Mon programme est de spéculer sur tout cela avec ténacité, éviter les programmes mainstrem, car pour faire sens de ce qu'il reste de la civilisation, je positionne ma pensée dans des mondes imaginaires pour essayer de l'expliquer. Je ne dis pas que ce monde physique est comme les mondes que je spécule mais...si ça l'était ? Et c'est ce qui m'amène à la question , comme je l'ai mentionné avant, c'est toujours très dur d'entrer dans ces espaces artistiques et avoir accès à l'argent de ce milieu de l'art alors récemment je me suis dit que je devrais réfléchir aux façons de tirer profit de ces outils très technologiques dont j'ai parlé plus haut, le code, internet, les réseaux sociaux comme façon de passer un message et dévier la façon dont ces canaux sont des distractions pour passer la journée. Les médias sociaux et la radio m'intéressent. Exister sur internet de façon à être tenu en esclavage par une idée de comment on devrait se présenter pour être aimé.e. C'est tellement un effort vide de sens...alors même si ce n'est pas viral ou s'il n'y a pratiquement pas de visibilité, je me sens accomplie avec ce que je sors, parce que je le met dans l'univers et c'est tout, ça va toujours résonner avec qui ça résonnera. Récemment, j'ai commencé à me sentir détachée des territoires, des pays ou des nations, je vis sur internet et avec les gens avec qui je peux entrer en contact. Avoir des bases officielles ne m'intéressent pas et pour l'instant d'une certaine manière ça marche ...

 

2. Time, structure of songs (uk border diocese loop, singing, organic and mechanical), Sketch Up meandering, dance, technology, and expectations about politics in art, how to work on colonialism from a diy space perspective, mixes and podcast form today, diy space in brazil ? in london ? in italy ?

ENG

B: Ok, that's quite a wide and abstract question but I guess it also opens the opportunity to exercise talking about my practise and breaking down the puzzle of my references. When I did UK border Diocese I was hurting a lot. I had just lost my legal status in the UK and after years living and subscribing to their terms, I found myself having to leave due to complications related to my residency application. I felt disrespected, the British like to say that they welcome those who can give to their society and all my there I contributed, as well as tried to develop myself so I could give even more. Anyways, I disgress...so the production of this album was very much moved by pain, anger and all the other feelings that come with rejection. It felt urgent to do something with that let it out of me, so I could move on...So I wasn't interested in developing knowledge or skills to produce, instead I just wanted to finish and explore what I new to create music. So I experimented with voice but also used field recordings and audio excerpts from videos online. It was more about passing the message across and less about polished production or whatever. This is the most cathartic I can be. It's more about being resourceful and using what I know in a quick way than loud or excessive expression...I don't know...I think I'm very self-contained and reserved kind of person and even I know I have to purge something of me it'll be done in a controlled manner, ambiguous, cold and without resistance, sometimes even with humour....you know like balancing on a blade of feelings and ambitions... Having to leave the Uk in this circumstances made me even more conscious of my condition of immigrant, of the impact of colonisation to who I am and to the countries who engaged in ths colonial enterprise. It sort of reminded that they're still in full operation and that integrating is not an option because it'll kill me in the process. So striving to make these links between technology and ancestral knowledge became a stronger purpose. So, being able to envision the ways in which technology came to be what it is and which are different from western notions started to take central position into my research. And these links live in what I call the invisible world and those who can make sense of it have got what I call black intel. So things like Afro-Brazilian spirituality, Orishas, the powers of numbers...magic so to speak are an important part of my work, although I'm not interested in making my work it but you can be sure it is there. So, I took an MA in new media arts practice, technology etc back in 2015 and as time passed I could see more clearly where the field of digital cultures was going. It became a lot about entertainment or as tools to make concrete this neoliberal, middle class dream world or personalities and individualities...and that's not to say I'm not part of it. I am. We all are, especially if things are not easily given to us...we need to survive in a capitalist world...not engaging is not an option. Some former colleagues have distanced themselves from the digital cultures world but for me, like Fred Moten says, it's about refusing what has already not been given to you. Deep inside, I know me and my ideas weren't welcome in that world but I always managed to exist mainly because I could see the magic playing out in technology and all I had to do was to just see it, acknowledge and keep doing. My final MA project was a series of electronic devices that took the piss out of the industry design. It presented technology as this flawed thing that would just make things worse or harder or enerving but that we as humans somehow tolerated...as if we had forged and sealed a symbiotic relationship.Because if you think about it, it is...the industry has just tried to distract and alienate people so they're just blind consumers who don't make sense of anything, but with my understanding of what goes on in the invisible world, I can use technology as tools to process my experience, my communities and what I think about all this bullshit without subscribing to any agenda. So my agenda is to speculate on all this with tenacity, avoiding mainstream agendas because to make sense of what's left of civilisation I position my thought into imaginary worlds to try and explain it. So, I'm not saying this physical world we live in is like the worlds I speculate but...what if it is? And that brings me to the next question, as I mentioned before it's always very hard to enter these art spaces or have access to art money so lately I feel like I should think about ways of taking advantage of these very technological tools I spoke about before, code, the internet, social media as a way of passing the message rather than it being a distraction to pass the day. I'm interested in decentralised social media and radio. Existing on the internet in a way that you're enslaved by an idea of how you should present yourself to be liked. It's such an empty endeavour...so even if it's not viral or there's barely any visibility, I feel accomplished with what I put out, because I put it out there and to the universe and that's it, it'll resonate with who it'll resonate. So lately, I feel very sort of detached from territories, countries or nations, I live on the internet and on the people I can get into contact with. I'm not interested in official bases. It's like the world has no borders for me. it's somehow working so far...

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9 Mars 2023

3: Ce que je voulais vous demander dans la question précédente c'est si vous connaissiez ou avait eu des expériences dans des espaces 'diy' au brésil, au royaume-uni ou en italie ? Où allez vous quand vous voulez faire l'expérience d'arts expérimentaux avec d'autres personnes ? Quels espaces avaient vous connu et comment cela pourrait avoir changé votre regard ?

 

FR

B: La seule réponse que je peux donner à cette question c'est que les temps ont changés. J'ai fait l'expérience d'espaces diy au uk et au brésil mais ça fait bien 10 ans maintenant. Le zeitgeist a changé et je ne pas répondre à ta question. Ma perspective n'a pas changé. Je pense toujours qu'il s'agit surtout d'efforts de communauté, de négocier des idées et des propositions, traiter des conflits internes et externes afin d'implémenter un projet qui puisse servir la communauté. Je ne fais pas partie d'aucun projet de ce genre en ce moment, alors là comme ça ce n'est pas quelque chose que je suis en train de travailler.

3: What I meant in the second question to ask was if you knew and if you > had experience with diy spaces in brazil, the uk and italy. Where do > you go if you want to gather to experience experimental arts ? What > spaces have you known ? How might have your perspective shifted ?

ENG

B: The only answer I can give to this question is that times have changed. I had experienced diy spaces in the uk and Brazil but more than 10 years ago now. Zeitgeist has changed and I'm not able to answer your question. My perspective hasn't changed. I still think it's about community effort, negotiating ideas and proposals, dealing with internal and external conflicts in order to implement a project that will serve that community. I'm not part of anything at the moment so I'm not working on a project of this sort at the minute.

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4. A l'intersection de tout ce qu'il faut intersecter pour renverser ces notions de blanchité et de snobitudes, leurs implications matérielles, comment se départir de cet état des choses tout en continuant de construire des processus expérimentaux et des systèmes artistiques ? Est-ce que c'est seulement quelque chose de désirable ?

FR

B: Si je dois être honnête, c'est pas à moi qu'il faut poser la question. C'est à ceux et celles qui contrôle le pouvoir et refuse de le partager ou de reconnaître d'où viennent toutes ces ressources volées. J'ai le sentiment que tu me demandes comment en finir avec le racisme et je peux pas te dire parce que le racisme c'est un truc de blanc. Peut-être essayez de regarder en face ce que vos ancêtres ont fait et essayer de faire différemment.

 

4: In the intersection of all that need to be intersected to flip these > two notions that is whiteness and snobbery, and their material > implications, how can we depart from that state of things while > continue to build experimental process and art system ? Is it only > something to wish for ?

ENG

B : To be honest, it's not to me you should ask this question. It's to those who control power and resources and refuse to share it or acknowledge where they stole these resources from. I feel like you're asking me how to end racism and I can't tell you that because that's a white people thing. We didn't make this. Look back to what your ancestors did and try to make it differently?

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5: Bartira a l'air d'être une figure vertigineuse dans la culture brésilienne, pourquoi as-tu choisi ce nom ?

FR

B : Que veux-tu dire par "vertigineuse ? Bien qu'on essaye de mettre en avant ce narratif que Bartira, une femme indigène qui s'est marié à un colonisateur portugais (par amour) et a contribué à fonder la ville de Sao Paulo, si l'on en juge à comment la violence coloniale s'est déroulée, cette histoire ne représente pour moi rien d'autre qu'un mensonge et une romantisation dégoutante pour appaiser le regard sur l'invasion portugaise brutale et meutrière. Bartira est un nom d'origine tupiniquim et c'est ma mère et mon père qui ont choisi de m'appeler comme ça. Venant d'une origine mélangée inconnue comme malheureusement de nombreuses personnes de couleur dans le Sud, je pense que quand j'utilise ce nom je reprends la main sur mon identité, j'évoque une culture et un pouvoir qui existe et existera toujours.

5: Bartira is a vertiginous figure it seems in Brazilian culture, why did > you chose this name ?

ENG

B: What do you mean by 'vertiginous'? Although they try to push this narrative of Bartira, an indigenous woman who married a Portuguese coloniser(for love) and helped found the city of Sao Paulo, judging by how colonial violence went down, this story to me represents nothing more than a lie and disgusting romanticisation of colonialism to ease on the Portuguese brutally violent and murderous invasion. Bartira is an indigenous name of tupiniquim origin and my mum and dad chose to call me that. Being of mixed heritage which unfortunately most people of colour from the global south don't know where from, I think when I use the name I reclaim my identity, evoke a culture and power which still exist and always will.

 

 

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6: Comment l'étrangeté qui vient avec l'art expérimental nous aide à accéder à d'autres modes de conscience sur des sujets très concrets ? Que recherchez vous dans les arts expérimentaux que vous pratiquez ?

FR

B : Je pense que "l'étrangeté" c'est très subjectif, je ne pense que ce que je fais est étrange, il devrait y avoir un espace pour toute chose. Par exemple cela me surprends quand aujourd'hui je vois des artistes pop faire de la musique intéressante qui pose des défis, les réseaux sociaux peuvent détruire mais aussi débloquer un espace d'expression dont je n'imaginais pas la possibilité quand tu repenses à ce que sont les médias, l'industrie, et quel était avant le besoin d'argent pour être capable d'influencer et entrer dans ces institutions. Je suis d'une génération où les gens faisaient des trucs dans des fêtes, utilisaient les squats comme une base pour faire des zines, rencontrer des gens dans la vraie vie ou essayer d'intéragir avec des institutions artistiques et je pense qu'aujourd'hui ce n'est plus vraiment ce qui se passe. Il n'y a plus d'espaces diy parce que les nouvelles générations font différemment et les institutions artistiques ont réussis à se présenter comme ces superstructures béhémoths qui n'ont plus l'air de trop savoir ce qu'elles font et sont coincées dans le passé. D'un autre côté, les artistes doivent payer leur factures, soutenir leurs familles et travailler pour ces structures est devenu rien de plus qu'un boulot pour faire de l'argent pour vivre, il n'est plus question de remettre en cause l'état des choses ou je sais pas quoi, c'est devenu un jeu dont il faut savoir que tu le joues ... alors bon ... je n'attends rien mais c'est avec de la persistence qu'on fait avancer les choses, qu'on se connecte avec d'autres gens et qu'on fait la réalité, j'imagine. Alors j'arrêterais de faire de l'art quand je mourrais et peut-être même pas, je pourrais programmer une machine qui continuerais à exécuter quelque chose pour toujours et bien longtemps après que j'ai quitté cette planète.

6: How is the weirdness that comes with experimental art helping us to > access to other modes of conscience on very concrete subjects ? What > are you looking forward to in regards to the experimental arts you are > practicing ?

ENG

B: I think 'weirdness' is subjective, I don't think what I do is weird, there should be space for everything. It surprises me today to see pop music artists making interesting/challenging music for example, social media can destroy but also unlock a space for expression that I hardly thought would be possible when you think about the media, the industry, having to have money to be able to influence and enter these institutions back in the day. I'm from a generation where people would do stuff in parties, use squats as a base, make zines, meet people in real life or try to interact with arts institutions and I think this is no longer the case. There aren't any diy spaces anymore because the new generations are dealing with everything differently and the art institutions have proven to be these behemoth super structures which don't really know what they're doing and seem to be stuck in the past. On the other hand, artists have to pay bills and support their families, making work with these institutions has become nothing more than a paid job to make money to support themselves, it's not about questioning or whatever, it's playing the game and knowing you're doing it...so...I'm not looking forward to anything but it's through persistence that we push things forward, connect with other people and make reality, I guess. So, I'll only stop making my art when I die or not even, I could program a machine to keep executing something forever and after I'm long gone from this plan.

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