Chelsea Wolfe - The Grime and the Glow
(Humanist Records)
D'abord, il y a eu une vidéo, trainant sur le net pour la promo d'un concert lyonnais, montrant à qui voulait bien se l'infliger un spectacle à la fois beau et désolant. Un vidéo regardée en boucle, du coin de l'œil une première fois, puis de façon acharnée ensuite. Cette même vidéo, encore et encore :
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Renseignements pris, la demoiselle vient de Los Angeles, et soyons honnêtes, le soleil brillant, c'est pas son truc.
A priori pourtant, tout pousse à porter un regard dubitatif sur ce projet. Los Angeles d'abord, nouvelle ville de la hypitude américaine. L'espace d'un instant on pourrait croire à une nouvelle recrue de cette ignoble scène néo folk décadente où composer un morceau correct importe moins que d'avoir les bonnes relations presse. L'art d'être arty sans avoir l'air d'y toucher, retranché derrière une démarche DIY qui ne trompe finalement plus personne.
Mais c'est là la première impression, une petite méfiance malvenue, parce qu'à l'écoute, c'est une énorme vague de sincérité et de noirceur qui transparait. Chelsea Wolfe, pour tenter d'être simple, superpose sur ses morceaux des couches de guitares folk ou parfois carrément bruitistes , noie le tout sous des voix lugubres, use et abuse de la saturation et de la superposition et se fait un plaisir certain à submerger l'auditeur sous des vagues extrêmement délicates pour l'agresser ensuite par la rudesse de ses compositions. Rien d'excessivement violent, mais l'ensemble du disque ferait passer n'importe quelle musique sombre pour de la poésie joviale. Quelques touches de pianos ou de batteries épurées viennent agrémenter l'ensemble.
Mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel c'est cette voix incroyable, au service d'une tristesse et d'une noirceur sans fin. On trouve souvent des références à l'univers Goth ou Dark Folk dans les chroniques de ce disque, mais ce serait lui soustraire une vocation beaucoup plus universelle. Un disque qui, s'il n'est pas au premier abord facile d'accès, est tout simplement génial. La complète « non production » de celui ci joue peut être pour beaucoup, le tout étant enregistré sur un 8 pistes, avec un son volontairement crasseux et des morceaux terminés à la truelle. Un petit truc quoi, qui te retourne l'esprit, encore, encore et encore.
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