illustration : john vassos
Maintenant que le premier palier d’immersion est passé, on peut atteindre des profondeurs plus majestueuses avec Rock Bottom.
Après s’être désolidarisé du jazz-rock psychédélique de The Soft Machine, avoir tenté de prolonger l’expérience sous le nom de Matching Mole (spin-off en français de soft machine) et s’être lancé dans un album solo (The End Of An Ear), Wyatt perd ses jambes, abandonne la batterie, sort en solo son plus grand album et se marie. Presque simultanément. De l’accident dont il sort paralysé à l’été 73, à son mariage avec Alfreda Benge (Alfie) et la sortie de Rock Bottom en 1974 (l’album sortira le jour de leur union), émerge une fabuleuse bulle d’air, un album-univers. Un espace distinct, immensément intime, découpé du temps et des modes. Une bulle étonnamment précise et fragile à la fois, pleine de folie, de liberté, tout en étant d’une stabilité et d’une lucidité fabuleuse. L'achèvement et la naissance d’une carrière dans une seule boucle de six pistes, six pattes, dessinées à la pointe des doigts et portées doucement par la chaleur du timbre si particulier de Wyatt. Ne pouvant plus utiliser que claviers, trompette et quelques percussions, Wyatt développe sa voix et ses textes entre nostalgie surréaliste (Last Straw), déclaration d’amour (Alifib), et douce folie (Little Red Robin Hood Hit the Road).
Finalement Rock Bottom ne ressemble ainsi à rien, c’est bien trop profond.
Robert Wyatt - Sea Song (cf précédent post « Ascension Horizontale »)
Robert Wyatt - A Last Straw Murs moites d’alcool de la veille, fumée bleue de cigarettes et soleil aquatique.
Robert Wyatt - Alifib Mettre son cœur et son ventre en conserve pour préserver les arômes de ses sentiments.
Robert Wyatt - Little Red Robin Hood Hit The Road (feat Ivor Cutler) “how bizarre !”