Pierre Bastien est un illustre multi-instrumentiste-artisan. Depuis plus de quarante ans il bricole, transfigure et construit divers instruments (il a fabriqué sa première guitare à 15 ans à partir d'un nécessaire de petit physicien). C'est un des pères fondateurs des sculptures sonores mécaniques, et on est plus qu'extatiques qu'il ait choisi de jouer chez nous.
L'instrument principal de Pierre Bastien est le Mécanium, un orchestre mécanique qu'il reconstruit à chaque représentation. Cet orchestre de fer, de papier et de bois produit une musique polyrythmique et claudiquante, portée par un cortège d'automates bancals. Par-dessus ses machines, il improvise généralement à la trompette ou au violon.
Le résultat est très beau et mélancolique, entre ces répétions mécaniques étonnamment touchantes et cette espèce de langueur qui sort de je ne sais-où mais qui te serre progressivement les tripes. Difficle de ne pas ressortir ce sourire ému et naïf que tu pensais pourtant avoir bien froissé et caché dans les nimbes de ton enfance.
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Bien sûr, on aurait rêvé le faire jouer à Gerland, d'autant qu'il répétait dans les années 80 à la Mjc rue ravier, à 50m de l'actuel Grrrnd Zero. Oh oui, on aurait été bien fiers de lui montrer que la ville avait bien changée depuis, et que la sombre période sans lieux pour les musiques inspirées était révolue. Oh oui on aurait bien aimé qu'il revienne sur son impression : « en arrivant à Rotterdam en 1990 je me souviens d'avoir été surpris parce qu'en 3 mois j'avais vu plus de groupes intéressants dans ma nouvelle ville, qu'en 17 ans à Lyon ». Mais en fait non, l'histoire se répète bien correctement. Beau parallèle à la tentative de décapitation en cours de Grrrnd Zero, son passage à Lyon met bien cruellement en perspective le sombre cycle des trous noirs culturels qui ne semble pas vouloir s'arrêter.
Mais sinon Pierre Bastien vient jouer pour nous et on est bien contents.
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